Un libertarien à Buenos Aires : plus de gaz de schiste et moins de BRICS ?

Samuel Furfari

L’élection de Javier Milei,à la présidence de l’Argentine devrait introduire un libéralisme économique total et en inversant les politiques populistes des gouvernements précédents, qui ont conduit à des niveaux élevés de pauvreté et d’inflation. Il devrait nationaliser les vastes réserves de gaz de schiste. Milei, sceptique quant au rôle des émissions de CO₂ dans le changement climatique, veut supprimer le ministère de l’Environnement, ce qui devrait créer un nouvel équilibre dans les COP. Mais qu’adviendra-t-il de l’entrée de l’Argentine dans les BRICS étant donné les déclarations sans nuance de Milei envers la Russie et la Chine ?

Javier Milei
Javier Milei Natacha Pisarenko/AP/SIPA

L’Argentine a décidé de rompre avec le péronisme, la doctrine politique nationaliste, populaire et sociale qui a prévalu dans le pays pendant trois quarts de siècle. Le succès n’a pas été au rendez-vous, à tel point que le pays est régulièrement revenu sur le devant de la scène à cause de sa mauvaise gestion. Ses recettes de justice sociale ont été un échec, avec 40 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté et une inflation annuelle atteignant 143 % en octobre. L’Argentine peine aujourd'hui à rembourser au Fonds monétaire international (FMI) un prêt de 44 milliards de dollars.

Bien que l’Argentine soit membre du G20 et la deuxième économie d’Amérique du Sud, derrière le Brésil, on ne pense pas à elle lorsqu’on évoque les puissances en croissance du Sud global. Le socialisme populaire, prétendument équitable, a complètement échoué, la corruption de la classe politique étant bien connue. Bien qu’une grande partie de la population vive de l’assistanat ou d’emplois fictifs créés par la bureaucratie sociale, le pays — en particulier ses jeunes, qui ne peuvent se résigner à vivre de l’assistanat — a décidé d’essayer quelque chose de différent.

Milei va tenter le libéralisme, le vrai

Ils ont fait confiance à Javier Milei, professeur d’économie formé à l’école autrichienne de Friedrich von Hayek, qui entend renverser le péronisme. Avec le slogan « Je ne suis pas venu conduire les agneaux, je suis venu réveiller les lions », il a obtenu le vote de 56 % de la population en montrant sa détermination à faire table rase du passé. L’ancien président Mauricio Macri avait tenté d’introduire le libéralisme, comme on le fait souvent lors d’une transition douce, mais il n’y est pas parvenu. Milei, qui a fait campagne en exhibant une tronçonneuse pour illustrer sa stratégie de dépeçage...

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Géopolitique de l’énergie

Puits de pétrole

Samuel Furfari est un ingénieur polytechnicien et docteur en sciences appliquées de l'Université libre de Bruxelles. Pendant 36 ans, il a été haut fonctionnaire à la Direction générale de l'énergie de la Commission européenne. Il est professeur de géopolitique et de politique énergétique depuis 20 ans, actuellement à l'ESCP-Londres et pendant 18 ans à l’ Université Libre de Bruxelles Il est l'auteur de nombreux articles et de 18 livres sur l'énergie et le développement durable. Son dernier livre est « Energy insecurity. The organised destruction of the EU’s competitiveness. »


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