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À Dominique Bernard

Christophe Bichon

Quelques jours après la fureur qui s’est emparée des âmes et des discours, en réaction à l’assassinat du professeur Dominique Bernard, il est temps de rendre hommage à l’un de nos énièmes héros nationaux .

Dominique Bernard lors de l'hommage à Arras
Dominique Bernard lors de l'hommage à ArrasFRANCOIS GREUEZ/SIPA

Trois ans après Samuel Paty, nous avons vécu à nouveau les mêmes sensations. La même boule dans la gorge quand il a fallu accueillir nos élèves en classe. Cela recommençait. Cette fois, les vidéos tournées par les élèves confinés du lycée d’Arras ont montré l’horreur.  À nouveau, la société française retrouve la preuve que les enseignants sont autant en première ligne que la police nationale, avec qui ils partagent un adjectif. Nous éduquons la nation. L’assassin terroriste, qu’il croupisse en prison, est la preuve que l’Éducation nationale, par ses professeurs, laisse passer des cas à travers les mailles d’un filet bien lâche. Cependant, il convient de tenter de mesurer l’ampleur de la lâcheté des filets. À la suite de la minute de silence en hommage à Monsieur Bernard, Gabriel Attal a annoncé que 183 élèves avaient été exclus temporairement par mesure conservatoire, en attendant leur conseil de discipline. Leur faute ? Avoir ri, avoir nié, avoir refusé, s’être désolidarisés d’une Nation tout entière. Il est juste que la Nation sanctionne ces élèves. Mais en dehors du coup de communication, il faut s’interroger sur le nombre d’élèves susceptibles de se désolidariser de notre Nation. Ou plutôt, le nombre de ceux qui ne s’y sont pas affiliés.

En 13 ans d’exercice du métier de professeur, avec près d’une dizaine d’établissements, collèges, lycées, j’ai croisé un nombre certain d’élèves qui « n’étaient pas Charlie », qui assumaient le Bataclan. Combien furent-ils déjà ceux qui ne s’étonnèrent pas du 11 septembre, ou qui rirent bien fort de l'attentat à l’école Ozar Hatorah ? La liste ne s’arrête pas. Tous les professeurs passés par les écoles de ce que l’on appelait les « territoires perdus » ont rencontré dans leurs classes des élèves dont la vision religieuse prime sur tout le reste, et prime, surtout, sur le sentiment d’appartenance à la...

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Billets de retard

Billets de retard

Christophe Bichon est professeur depuis 2010. Il écrit pour prendre du recul sur une crise de l'école qui ne s'arrête jamais. Billets de retard se veut un observatoire de cette crise, de ces faits saillants et de ces petits coups de génie qui subsistent malgré tout.


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