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À nos collègues et amis d’Europe et des États-Unis : un appel d’universitaires israéliens présenté par Marc Olivier Baruch et Philippe Gumplowicz
Dans La Mémoire courte, Jean Cassou défendait, en 1953, la Résistance française contre ceux qui proposaient, au nom du devoir de pardon, au nom de la justesse de tous les combats, de la passer par pertes et profits. Au cœur de son argumentation, cette question béante : que faire des morts, ce « résidu irréductible » dont rien ne pourrait faire qu'il ne soit pas ?
![Israel Palestinians New York](https://images.factuel.media/jsaF_w2Vn6IAvqPx35W2OxtcnIE=/3840x0/smart/filters:quality(60):max_bytes(300000)/factuel/2023/11/SIPA_ap22829399_000003.jpeg)
Le 16 octobre, une soixantaine d'universitaires et intellectuels israéliens impliqués de longue date dans la recherche d'un vivre-ensemble israélo-palestinien, adversaires résolus donc des gouvernements Netanyahou, ont publié (sous le titre Statement on Behalf of Israel-based Progressives and Peace Activists Regarding Debates over Recent Events in Our Region) une tribune où ils exprimaient leur désarroi, face à l'absence ou l'évanescence de la condamnation, par de larges pans de la gauche occidentale, des massacres commis par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Ce texte résonne en nous aujourd’hui encore. En voici l'essentiel :
Comme il fallait s'y attendre, cette agression du Hamas a conduit l'État d'Israël à réagir par une opération militaire d'une ampleur considérable à Gaza. Nous ne pouvons pas encore estimer le nombre de victimes, mais il est vraisemblable qu'il sera plus élevé que tout ce dont nous avons été témoins jusqu'à présent. Cet enchaînement de violence porte un coup terrible à notre combat de toujours contre l'oppression et la violence, ainsi qu'à notre lutte pour l'égalité, juridique et concrète, entre tous les habitants d'Israël et de Palestine. En ce moment, plus que jamais, nous avons besoin du soutien et de la solidarité de la gauche mondiale, qui devrait prendre la forme d'une condamnation totale de la violence aveugle envers les civils des deux camps.
Certes, nombre de nos correspondants et amis, dans le monde entier, ont exprimé leur horreur face à l'attaque du Hamas et ont offert un soutien sans ambiguïté à ses victimes. Issues du monde arabe, d'éminentes personnalités ont elles aussi souligné que rien, jamais ne pouvait justifier qu'on assassine de sang froid des innocents. Mais, à notre grand désarroi, une partie de la gauche en Europe et aux États-Unis, jusqu'à présent nos collègues, compagnons de lutte et souvent nos amis, ont réagi au mieux...
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