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Encerclée dans le Caucase, l'Arménie a-t-elle encore des soutiens ?

Pierre d'Herbès

La bascule s’est opérée il y a quelques jours, au début du mois de février : Erevan largue les amarres et se détache de la Russie. Simultanément, Erevan s’active diplomatiquement vers l’Occident et notamment en France, mais aussi en direction de l’Inde, des Émirats Arabes Unis et de la Géorgie. Analyse.

Noël 2023 à Erevan en Arménie
Noël 2023 à Erevan en ArménieAlexander Patrin/TASS/Sipa USA/SIPA

Vendredi 2 février, un peu moins de trois mois après sa visite à Paris, Nikol Pashinian prononce une allocution qui défraye la chronique. Le Premier ministre arménien déclare que son pays se passera désormais du partenariat militaire privilégié qui l’unissait jusqu’ici à la Russie, et qu’il compte s’appuyer désormais sur la France et les États-Unis. Ce coup de tonnerre géopolitique avait été précédé l’avant-veille par l’entrée formelle d’Erevan à la Cour pénale internationale. Un événement tout sauf anodin, car désormais, en théorie du moins, l’Arménie serait maintenant contrainte de procéder à l’arrestation de Vladimir Poutine si jamais il se présentait sur son territoire. En se retournant contre Moscou, et en projetant sa diplomatie au plus loin, Erevan travaille à sa survie, mais intègre aussi de nouveaux paramètres géopolitiques dans une région déjà explosive.

Caucasuistique

Les évènements de la semaine dernière sont symptomatiques, si ce n’est symboliques, de la détérioration de l'image de Russie en Arménie. Même si elle y conserve des soutiens, Moscou paye son ambivalence vis-à vis de l’Azerbaïdjan depuis son offensive dans le Haut-Karabagh en octobre 2020. Ainsi, tant que les opérations se déroulaient dans cette région contestée, les Russes pouvaient se prévaloir d’un rôle d’arbitre entre les belligérants. La situation évolue en 2022. En septembre, rompant le cessez-le-feu, les Azerbaïdjanais intensifient leurs opérations et attaquent plusieurs villes arméniennes. Les morts se comptent par centaines. Cette fois-ci, l’Arménie tente d’activer l’article 4 de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) selon lequel les pays de l’alliance se doivent une assistance militaire mutuelle en cas d’attaque d’un de leurs membres. La Russie privilégie pourtant la médiation. Un an plus tard, les derniers territoires du Haut-Karabagh, contrôlés par la république d’Artsakh, sont repris après une nouvelle offensive de Bakou, sans réaction des forces d’interposition russes.

Pourquoi un tel lâchage ?...

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Pierre d'Herbès est expert en intelligence économique. Il se spécialise dans les questions de géoéconomie, défense et sécurité internationale.


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