Face à la blessure invisible : l’avant et l’après

L’avant

Dans le jargon militaire, être femme de soldat, c’est être partie composante de la “base- arrière”. Soit, des milliers de femmes, conjointes, compagnes de militaires (selon un effectif officiel de 205 000 militaires actifs, recensés en 2023) qui apprennent à assumer seule avec abnégation et dignité pour certaines, parfois non sans difficultés pour d’autres, les absences répétées de sa moitié, le célibat géographique, les déménagements, l’éloignement avec la famille, les accouchements vécus seule, une vie professionnelle décousue, les choix d’éducation et de garde des enfants, par exemple. En somme, une forme de sacerdoce par amour pour son soldat, dans le respect de l’institution.

Et surtout, être Femme de militaire c’est être conjointement avec son homme, signataire du contrat d’engagement avec l’armée au “prix du sang versé”. Combien sommes-nous alors à puiser dans notre foi le courage et la force d’avancer, chaque jour durant des mois, des années d’absence pour le bien matrimonial et familial ? La grande majorité, assurément.

Certaines m’ont confié y parvenir avec le temps, dans une vie organisée, conciliante ponctuée de retrouvailles qui cimentent et pimentent une vie “pas comme les autres”. D’autres m’ont souligné la récompense, celle des séjours en Outremer ou des expatriations qui permettent à la fois une élévation matérielle familiale et la quiétude des missions. Et puis, nombreuses sont celles qui m'ont expliqué les sacrifices personnels et professionnels, trop peu reconnus à leur goût, consentis non pas sous une certaine forme de servitude, mais tel un devoir envers leurs soldats.

Vous l’aurez compris, “le prix du sang versé” pour nos hommes est dans l’esprit de chacune d’entre nous mais vaille que vaille, la vie partagée avec un soldat, loin d’être un fleuve tranquille est assumée dans des valeurs de fierté et soutien pour notre homme, avec force et dignité.

Et puis un jour,...