InternationalSoudan

Le Soudan, nouveau « ring » international ?

Pierre d'Herbès

Alors que les opinions publiques en France et en Europe ont toujours les yeux rivés sur le Levant et l’Ukraine, la guerre civile soudanaise, débutée en avril, s’aggrave. De guerre civile, le Soudan glisse progressivement vers une guerre régionale par proxy.

Véhicule militaire détruit dans le sud du Soudan
Véhicule militaire détruit dans le sud du SoudanMarwan Ali/AP/SIPA

Le Soudan va-t-il se transformer en poudrière régionale ? Après avoir laissé entrevoir de possibles pourparlers, le Sommet de l’autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), instance multilatérale le Corne de l’Afrique, qui s’est réuni les 9 et 10 décembre à Djibouti, éprouve finalement des difficultés à faire asseoir les belligérants à la table des négociations. Quelques jours plus tôt les pourparlers de paix de Djeddah, à l’initiative des États-Unis et de l’Arabie Saoudite s’étaient terminés en queue de poisson.

Simultanément, les combats font rage entre l'armée régulière, dirigée par le Lieutenant-Général Abdel Fattah Abdelrahman Burhan et les Forces de Soutien Rapide (FSR), milice paramilitaire commandée par le Lieutenant-Général Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de « Hemedti ». Les FRS progressent partout, dans le Darfour comme dans la capitale Karthoum. Récemment les FRS auraient poussé leur avantage, pour la première fois, dans la région du Gedarif. Contraintes de se replier sur Port-Soudan, les FAS se trouvent dans une posture de plus en plus défensive même si la partie est encore loin d’être jouée : les belligérants peuvent en effet compter sur un investissement croissant de l’étranger dans le conflit. A ce stade, le conflit aurait déjà fait 12 000 morts et des millions de déplacés qui se ruent vers L'Égypte, l’Ethiopie et surtout le Tchad.

Le paradis des mercenaires

Alors que les pourparlers de paix piétinent, force est de constater l’implication croissante de forces extérieures au pays. De facto ces ingérences sapent tout les efforts de médiation et de résolution de cette guerre.

Traditionnellement alliées, L'Égypte et les Émirats arabes unis soutiennent respectivement les FAS et les FRS. En mauvaise posture, l’armée soudanaise avait ainsi reçu des drones égyptiens de facture turque, comme le révélait en octobre le Financial Times. De leur côté les FRS, outre l’appui des Émirats, ont...

Commentaires

Les règles du Grand Jeu

Pierre d'Herbès est expert en intelligence économique. Il se spécialise dans les questions de géoéconomie, défense et sécurité internationale.


Factuel ouvre un espace blogs, distinct de la rédaction et en accès libre. Nous y accueillons des blogueurs invités, que nous avons sélectionnés pour la force de leur témoignage ou l’acuité de leur regard sur le monde et la société. Nous y convions des experts de multiples spécialités (géopolitique, défense, énergie…) qui y trouveront un espace d’expression libre. 

Cette partie de notre site sera aussi ouverte à des voix de la société civile qui donneront ainsi à voir différentes facettes de la réalité de notre société et de ses mutations.

DÉCOUVRIR LA CHARTE