Défense

LPM 2024-2030, une loi de procrastination 

Roland Pietrini

« Il n'y a pas de renoncement dans cette PLM mais des révisions de cadencement ». Cette phrase prononcée par le chef d’Etat-Major des Armées résume à elle seule cette loi de programmation 2024-2030 qui est une loi de procrastination, au moins dans le domaine des forces classiques. L’objectif de 2030 prévu par la précédente loi de programmation ne sera pas atteint et sera probablement réécrite au-delà de 2027, échéance de la prochaine élection présidentielle.

ROUMANIE : Operation Aigle : Armee Francaise
ROUMANIE : Operation Aigle : Armee Francaise NICOLAS MESSYASZ/SIPA


C’est dire à quel point elle est loin d’être inscrite dans le marbre et sera menacée, (à condition qu’elle soit votée) comme toutes les autres, par d’autres révisions à venir, justifiées par un nouveau besoin d’adaptation impératif. Le discours est rodé.

Or, le conflit en Ukraine et la menace d’un engagement dans un conflit de haute intensité, aurait pu faire penser que nous serions amenés à renforcer nos forces. Nous assistons à un semblant de renforcement par le bas, une correction a minima de nos carences, une mise en attente, dans tous les domaines.

Toutes nos armées sont touchées, aucune n’a obtenu le renforcement de leurs moyens pour pouvoir peser auprès de nos alliés. Et nous allons le démontrer.

En réalité, cette nouvelle loi de programmation n’est que la continuité de la précédente avec pour caractéristique la prise en compte de la modernisation des forces nucléaires et l’amorce de la réduction des carences dans les domaines du renseignement, de la lutte anti-aérienne basse couche, de la cyberdéfense, de la robotisation, des drones et des munitions.

Les ressources financières étant ce qu’elles sont, la conséquence est que l’ensemble des programmes dits classiques subissent un glissement, tel le programme Scorpion considéré il y a peu comme urgent et indispensable et la massification des moyens est désormais estimé hors d’atteinte.

Le tour de force le plus évident est qu’avec 40% de budget en plus il y aura 40% de commande en moins, et in fine des capacités encore réduites.

Un bilan cruel

  • Pour l’Armée de terre, par rapport aux prévisions de la précédente loi de programmation 2019-2025 : ce sera : 100 Jaguar, 474 Griffon et 413 Serval en moins, le nombre de Caesar reste le même 109, les LRU (1) seront remplacés nombre pour nombre, soit 13, avec 26 prévus, mais en 2035 ! Et...

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Post Scriptum Défense

Roland Pietrini, après une carrière militaire orientée vers la recherche et le renseignement en France et à l’étranger, pour l’essentiel dans les ex-pays de l’est, a participé durant 15 ans, en qualité de consultant indépendant, à des études pour des institutions étatiques dont la DGA et l’état-major de l’armée de terre, notamment dans le cadre de l’évolution et de l’adaptation du programme Scorpion.  Ancien major, puis officier de réserve, mais aussi chef d’entreprise, il est spécialiste des questions de défense en France et excellent connaisseur de l’évolution des forces armées étrangères. Il anime également le blog Athéna défense et est par ailleurs rédacteur d’articles, écrivain et romancier et intervient dans différents médias.


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